Le LIFELAB'EAU du Pays de Nay : Tracer de nouvelles trajectoires de l'eau avec les habitants

Les trajectoires de l'eau

Les prédictions des experts de l’AEAG annoncent moins 20 à moins 40 % de débit dans les cours d'eau des Gaves en 2050 ; la disparition du manteau neigeux est particulièrement en cause. Le réchauffement fait aussi craindre des pertes d'eaux inégalées par évapotranspiration. Côté précipitations, si les quantités se maintenaient, elles prendraient la forme d'averses trop denses pour s'infiltrer correctement dans le sol, ce qui limiterait d'autant la recharge des nappes souterraines. Enfin, les points d'eau, issus pour beaucoup de sources karstiques parfois capricieuses, pourraient cesser de couler lors des périodes de sécheresse trop longues.
Les vingt habitants inscrits à cette démarche, et qui sont restés mobilisés tout au long des 5 ateliers qui l’ont composée, ont ainsi découvert toute la complexité des trajectoires de l'eau sur leur propre territoire. Ils n'en ont que mieux saisi les leviers qui permettraient d'assurer un accès à l'eau sur la durée.

Une trame citoyenne pour le vivant

Partant du constat qu'il est impérieux de favoriser l'infiltration des eaux de pluie, le Lifelab'eau a imaginé plusieurs réponses se résumant à l'expression « constituer une trame citoyenne pour le vivant ». Il s'agirait de mobiliser les habitants autour d'actions de désimperméabilisation des sols, dans leurs propriétés par exemple. Ainsi, des continuités naturelles pourraient s'aménager au sein des tissus bâtis avec la collaboration active des riverains et de leurs espaces privatifs. Une telle initiative aurait de nombreuses vertus ; si la collectivité décidait de s'en emparer, l'idée serait alors à préciser et à décliner sous tous ses aspects.

Cartographier les zones d'intérêt hydrologique

Les habitants connaissent des lieux où se jouent la régulation hydrologique du territoire ainsi que des espaces devenus encore plus vulnérables sous les effets du changement climatique (coulées de boue, glissement de terrain). Agriculteurs-éleveurs pour certains, ils savent les bienfaits des étagements de la végétation et sont familiers des pratiques agronomiques qui favorisent l'infiltration des eaux. Au cours du Lifelab'eau est apparue l'idée que face aux nouveaux défis de risques de manque d'eau, une cartographie de ces lieux stratégiques susceptibles de réguler la dynamique hydrologique du territoire pourrait être opportune. Peut-être aussi la mobilisation des terrains communaux à vocation pastorale et forestière, pour tester sur le domaine public des modalités de gestion favorisant l'infiltration des eaux. 

Le bilan provisoire

Avec d'autres nombreuses idées sur la préservation de la qualité de l'eau ou sur la tarification, cette expérience a montré que la gestion de l'eau, malgré sa technicité et les débats passionnés qu'elle suscite, peut être abordée de manière constructive et inventive entre habitants et collectivité territoriale.
Le LifeLab'eau s'est tenu de mai à juillet 2025. La démarche s'est inspirée des conventions citoyennes combinant formation, questionnements, et remise d'un avis à travers la formulation d'idées d'actions. Elle a ainsi consisté en cinq rencontres très suivies par les participants qui lui ont en moyenne consacré treize heures d'attentions, d'apprentissage, de débats. Les résultats ont été jugés très positifs par la Communauté de Communes du Pays de Nay fortement investie, et par les habitants prêts à poursuivre pour donner corps à leurs idées.