Le « rural » est un objet scientifique multiforme ne faisant pas forcément consensus et ayant fait l’objet de différentes définitions. Son existence a longtemps été controversée et l’est toujours, d’une certaine manière, encore plus dans nos contextes sociétaux marqués par l’hypermobilité (Adams, 1999 ; Crozet, 2016). En dehors de ces controverses et flous autour de la notion de rural en tant qu’objet scientifique, cela se répercute également sur sa définition statistique. Longtemps, le rural a été approché comme étant la soustraction de l’urbain, ce qui a conduit à son déclassement et participé à sa mauvaise appropriation.

Outre la difficile définition de l’objet même, il semble également complexe de cerner les réalités qu’il recouvre, notamment territoriales, et des phénomènes qu’il abrite. Nous nous situons dans un contexte de “renouveau démographique” des campagnes françaises depuis la fin des années 70 (Pistre, 2012), où le solde migratoire joue un rôle important, or l’attrait que ces territoires, associés au “rural”, jouent sur les personnes est peu voire non valorisés en tant que dynamique d’« attractivité ». En effet, ce terme et ses affiliations restent focalisés sur des espaces urbains voire métropolitains et principalement sur des aspects économiques. En cela, ce qui attire dans les espaces ruraux est assez peu mis en lumière car ne relevant probablement pas de la sphère économique ou d’indicateurs quantitatifs.

Dans ce travail de recherche-action, nous nous sommes donc proposés d’étudier ces dynamiques d’attrait résidentiel sur le périmètre de l’Agence d’Urbanisme Atlantique et Pyrénées, à savoir le Sud néo-aquitain, afin de questionner les dynamiques à l’oeuvre, les composantes des territoires influençant les choix résidentiels des individus, les profils qui peuvent être dressés sur la base de ces composantes, les impacts positifs ou négatifs de cette attractivité mais également les leviers d’actions mis en place par l’action publique locale. Ce travail a combiné une double approche quantitative et qualitative en se basant sur l’usage de données peu appliquées dans la recherche (Fidéli), d’une part, et sur l’étude des modes d’habiter des individus nouvellement installés (entre 2013 et 2023) de deux territoires cibles (Soule et Béarn des Gaves), d’autre part.

Outre le fait d’étudier le désir d’”Habiter le rural”, il s’agissait également de valoriser les spécificités, ressources, potentiels ou aménités des territoires ruraux. D’autant qu’ils s’inscrivent, aujourd’hui, dans un contexte où ils ont un rôle à jouer dans les « transitions » à l’œuvre et à venir.