SMEP Jurançon : vers un objectif 0 pesticide sur son Aire d’Alimentation de Captages

Maire de Jurançon depuis 2008, Michel BERNOS est Président du Syndicat Mixte d’Eau Potable de la région de Jurançon depuis 2017, et également Vice-Président de l’Agglomération Pau Béarn Pyrénées en charge des affaires culturelles et du tourisme.

 

Profil LinkedIn : fr.linkedin.com/in/michel-bernos-145b8285

Le Syndicat Mixte d’Eau Potable de la région de Jurançon (SMEP) a été créé en 1935. Il s’agit d’un Etablissement Public de Coopération Intercommunale sans fiscalité propre, dont les compétences concernent la préservation de la ressource en eau, la production, le transport, le stockage et la distribution d’eau potable auprès de 70 000 habitants répartis sur 24 communes du pourtour de Pau. L’exploitation quotidienne des ouvrages et du service public d’eau potable du SMEP a été confiée au concessionnaire AGUR, via un contrat de concession qui court de 2021 à 2030. Le SMEP produit chaque année entre 5.5 et 6 millions de mètres-cubes1 d’eau potable qui transitent sur 850 Km de réseaux et 26 ouvrages de stockage, au profit de 34 000 foyers et entreprises du territoire. Le SMEP compte par ailleurs 31 interconnexions de secours ou point d’échanges permanents avec les collectivités voisines.

Une eau 100 % souterraine potentiellement fragile

L’eau produite est exclusivement souterraine, et provient intégralement de la nappe alluviale2 située de part et d’autre du Gave de Pau. Cette nappe est captée grâce à une dizaine de puits dans des alluvions, à forte perméabilité, constituées de galets, de graviers et de sables. Cette eau souterraine est naturellement filtrée et ne nécessite aucun traitement. Elle est simplement désinfectée au chlore pour la rendre potable au sens sanitaire.  L’eau produite par le SMEP est puisée en amont de l'agglomération paloise, dans la plaine agricole située entre les coteaux de Narcastet-Rontignon-Uzos-Mazères et la rive gauche du gave de Pau.
L’Aire d’Alimentation de Captages du SMEP couvre une superficie de 550 hectares constitués par de la saligue (forêt alluviale en bordure du Gave), de zones urbaines peu denses, et surtout par de nombreuses parcelles agricoles, représentant près de 180 hectares. Environ 25 agriculteurs exploitent au moins une parcelle à l’intérieur des zones de captages. Même si aujourd’hui la prairie représente la production agricole principale sur ce territoire, la monoculture de maïs était très présente par le passé, faisant peser un risque fort sur la qualité de la ressource en eau en raison de l’usage de pesticides.  

Protéger la ressource c’est aussi dialoguer

Conscient des risques et de la vulnérabilité de sa ressource en eau souterraine, le SMEP mène une politique très volontariste de protection et de prévention vis-à-vis des pollutions ponctuelles et diffuses. Depuis 2008, le SMEP participe au Plan d’Actions Territorial (PAT) Gave de Pau, en collaboration avec 4 autres collectivités3 en charge de la production d’eau potable en amont et en aval de Pau.
Nous en sommes aujourd’hui à la 3ème génération du PAT, dont l’animation est portée par le SMEP depuis 2020. Ce « PAT III » vise essentiellement à accompagner les 70 agriculteurs présents sur les Aires d’Alimentation de Captages des 5 collectivités productrices concernées vers une réduction significative voire l’arrêt de l’usage de produits phytosanitaires ou pesticides. De nouvelles façons de cultiver sont donc mises en œuvre pour protéger qualitativement l’eau souterraine, tout en veillant à la viabilité économique des exploitations agricoles.
Dans ce cadre, le SMEP fait figure d’exemple. Sa stratégie de protection de la ressource repose sur 3 piliers : les acquisitions foncières, le réglementaire, et l’accompagnement technique des agriculteurs.

Maîtrise foncière

Le SMEP avait engagé, dès les années 80, une politique volontariste d’acquisitions foncières portant sur les parcelles agricoles situées à proximité de ses captages ou puits de production d’eau. Travail de longue haleine, qui a permis d’acquérir à ce jour environ 80 hectares sur 550 (soit 14,5% de la surface de captage). Ces surfaces sont à présent converties en prairies permanentes de fauche, confiées gratuitement à une dizaine d’agriculteurs dans le cadre de convention de prêt à usage qui interdit l’usage de pesticides. L’impact positif de cette maîtrise foncière est illustré par les analyses d’eau réalisées dans le cadre du PAT4, ou du contrôle sanitaire.

Retour